dimanche 29 avril 2012

Un autre Viet Nam

Spéciale dédicace de ce carnet2 à Laëtitia "Vendest" qui enseigne au Luxembourg. Au plaisir de rencontrer les élèves de sa classe pour une discussion.

Bonjour à tous, voici un Carnet-Blog relatant les aventures de "Tigre Bleu", un vélo qui a la chance et de voyager en Asie et de faire partie d'un spectacle visuel burlesque. Bonne lecture et à bientôt.

PS: Et pour vous, lecteurs pressés, vous trouverez en fin de Blog une video qui résume cette seconde étape.
Départ de Hanoi le 27 février (voir carnet précédent) 1100 km
Le 3 février. Lang-Co/Da Nang/ Hoi An: 75 km

Comment est le Viet Nam en 2012?
C'est très simple en bus de tourisme ou avec une agence. C'est tout de même mieux en restant autonome. Vous prenez par exemple un vélo VTT avec porte-bagages, deux sacoches (inutile de vous trimballer des gourdes - l'eau se réchauffe vite, ici. Une bouteille d'eau achetée sur place suffit); vous mettez l'engin dans la soute de l'avion en direction d'Hanoi ; une fois atterri, vous pédalez 1000 km vers le sud, vous pédalez comme un fou qui s'enfuirait loin de sa prison; vous vous arrêté au premier coin de sourire ensoleillé, et il y a de forte chance que vous ayez trouvé bon nombre de réponses sur "Comment est le Viet Nam en 2012". Au-dessus de vous, si vous apercevez une lune claire et ronde comme un gateau "Ban Tèt", posez alors le pied, descendez de votre monture et observez, écoutez, savourez. Oubliez-vous l'instant d'une seconde, laissez votre imaginaire vous conduire au-delà de ce que vous voyez. Enfoncez-vous dans les campagnes, perdez-vous et ne demandez surtout pas votre chemin.
De quoi est fait le Viet Nam? Le Viet Nam est fait de riz, de jeux de mots, de musique, d'eau, de sourires et de prières; sous des chapeaux chinois ou des casquettes citadines, des visages masqués au regard hospitalier saluent votre passage cycliste.
Où se situe le Viet Nam? C'est à vous de le situer. Sachez que vous êtes au pays d'entre les vivants qui errent et les esprits qui veillent, que vous devenez facilement l'invité d'une modeste famille qui vous offre le thé - un thé au goût encore marqué par la feuille séchée infusée. Vous vous situez au centre du quotidien vietnamien, entre les génies de la terre et ceux du ciel, entre l'apparence et l'imperceptible. Entre le Karaoké du coin et la Cérémonie du quartier. Ici bas, on vénère à la fois le Dieu Micro dans lequel on braille et on explose les oreilles des voisins devant un mur d'enceintes, et Bouddha que l'on encense en discrétion. Le Viet Nam n'est pas un pays du Juste Milieu, c'est juste un pays sans limites. Un pays qui sans cesse déborde de notre réalité: si le Mékong le traverse, ce n'est pas sans raison!
... Bienvenue à tous pour ce carnet 2, entre Viet Nam et Laos.
3 février, 5h30 am. Lang Co.
La pause hôtel à Lang Co m'a permis d'acheter plusieurs flacons de baume du tigre liquide, très efficace pour vous chauffer les muscles. On utilise le Baume du Tigre pour les massages, pour les maux de tête, les problèmes respiratoires, les douleurs musculaires et aussi, par son odeur forte, à chasser les moustiques. Car les moustiques, c'est bien connu, détestent les massages.
Après un déjeuner complet: soupe de volaille servie avec les pât(t)es (de canard?), un café local, me voici en train d'arpenter la cote de la Montagne-de-pluie. Un joli col dès 7h à dépasser. La température est douce, tropicale et la montée de 10% sera étalée sur une douzaine de kilomètre sans poser le pied. La cote est raide et la route sinueuse m'emmène jusque dans les nuages. Dernier coup de pédale avant d'atteindre le sommet. Je reconnais cette route pour l'avoir déjà empruntée il y a un an, malade et frigorifié. Cette fois-ci, je suis trempé de transpiration mais aucun signe de fébrilité, aucune baisse de régime: chaque coup de pied donné diminue la distance qui me sépare de Hoi An, et penser cela me réconforte.
Descente en grenouille
La descente sera un régal, évidemment. Mais je savoure le paysage d'en haut: cascades et plantes grasses d'un vert tantôt clair tantôt sombre. Dans le brouillard, j'arrive à une station où se sont installés quelques vendeurs de "souvenirs", des baraques de restauration rapide. Je m'arrête, le temps de me désaltérer et de prendre un café. La descente se prépare. J'installe ma caméra sur mon guidon. Attention : j'entame la descente vers Da Nang, je ne ralentirai plus ma course. Les vitesses s'enclanchent: premier plateau, second, troisième, je dois être parfois à 45 km/h. Plus? En tout cas, mon Tigre prend de la vitesse, le guidon tremble de frénésie, j'ai le cou penché en avant, les cheveux plaqués par un vent frais, les freins ne serviront plus avant un certain temps. Sur la route lisse, les pneux chauffés émettent un ronronnement au contact du bitume, un son de gomme rond et rassurant. Je prends la position de grenouille recroquevillée, je me donne l'impression de ne faire qu'un avec mon fauve bleu. Je file droit. Au virage suivant, la mer se dessine sous mes yeux. Encore une quarantaine de kilomètres et je serai à Hoi An.
Les retrouvailles
15h - Hoi An. J'ai les pieds nus plantés au milieu d'un gazon et je contemple une rizière. Allégé de mes bagages, Tigre Bleu s'est endormi. Je suis arrivé à Hoi An, à l'Ami Galerie à 13h07. Ma première étape s'achève. Ce soir je dînerai à la table de Jean et de Hoa. Me voici enfin arrivé, les rêves depuis la place Stanislas, à Nancy, s'accomplissent et se terminent devant cette rizière verte, décor immuable, caressée par la douceur du vent. Après une année d'attente et d'échange mél, je photographie de nouveau la table du peintre et de la cuisinière. Je rencontre leur fille Xiu (sur la photo: Hoa, Xiu et Jean) qui étudie au Pays Bas, parle anglais, français.
Des nouvelles de Lucie et des lutins Verpeutons?

Lucie in Ansbach with diamonds. L'an passé, au cours d'une soirée organisée par Jean Cabane, mon ami Nîmois, j'avais joué mon conte devant un public francophone. Xiu, la fille de Hoa, avait traduit le texte de "Lucie Verpeuton" en vietnamien. A ce sujet, ce conte va être mis en scène par Dominique Lambert et son acolyte Christian, à Anglet. Autre nouvelle, il semblerait que "Lucie" va connaître une version théâtrale allemande, et le conte théâtral serait donné à Ansbach. L'ombre d'un ami d'enfance plane... les quatre Lutins Verpeutons vont-ils être à la "hauteur" dans le pays des frères Grimm? N'est-ce simplement qu'une perspective, cela me touche et me réjouit. Mais qu'importe. Je suis ici, la guitare en bandoulière qui me protège le dos des agresseurs en scooter, libre sur mon Tigre Bleu, et je continue à m'inventer des histoires, des mélodies, des chansons.

Ah, c'est bien beau de vivre de vélo et de pluie fraîche, mais il faut aussi penser à se nourir de cuisine Vietnamienne... Passons à la suite et vite!

Hoi An, chez Jean et Hoa. Chapitre des REPAS.
Ci-dessous: Tao, de la famille d'Hoa, prête main forte à la cuisine et se joint à la joyeuse tablée.

Repas, repas et... repas.


Commence la partie la plus difficile de mon périple : résister aux délicieux plats pour ne pas ressembler à un cycliste rondouillard! Mais pour l'heure, je me lâche. (Photo de Hoa, fière et avec raison, de sa dernière recette: le poisson cuit dans une courgette ou bien le crabe accompagné d'une sauce légèrement sucrée?Je ne sais plus mais j'en ai repris deux fois!)

Une cuisine gastronomique vietnamienne, des discussions joyeuses, des jeux, bref! le plaisir de se retrouver plus émoustillant que la bière locale.
A travers les yeux du peintre
Si je redécouvre ce pays et précisément la ville de Hoi An, c'est en grande partie grâce à Jean et Hoa, son épouse. Durant mon séjour de dix jours, tous deux me feront rencontrer leur famille, leurs amis, leurs voisins. Certes, un vélo sur petit plateau mais pour des promenades inoubliables à travers les jardins potagers, en empruntant les petits chemins au milieu des bassins de crevettes. Pour rejoindre la mer. Pour visiter le village des pêcheurs, les vélos seront posés sur le bateau qui fait la navette entre le quai d'Hoi An et l'île juste en face. Mes yeux se noient dans la profondeur du paysage, je ne le peins pas comme pourrait le faire Jean, tranquillement installé avec ses carnets, ses crayons; je me contente de prendre des notes, je photographie, je filme. L'an passé, j'avais écrit une pièce pour le jeune public, 'Le monde insensé de Léon Bracadabrok", dont le personnage féminin principale s'appelle Mademoiselle d'Hoi An et la pièce a été interprétée par une floppée de Grands comédiens. petit clin d'oeil aux enfants de Baroja et à Madame la metteur en scène.

A deux reprises, leur accueil chaleureux m'aura permis de me poser et d'accomplir un voyage avec sérénité. Je ne les remercierai jamais assez. N'hésitez pas à visiter la cabane de Jean le peintre, via le Net: Son site :http://jean-cabane.com/cabane/http://expo.artactif.com/cabane/
Son blog : http://enpassantlepont.blogspot.com/

Coup de pub, coup de coeur de Tigre Bleu pour une très bonne initiative : faites du vélo dans Hoi An et faites profiter des étudiants de votre anglais... avec l'accent français.

"Hoi An Free Tour", une agence touristique dynamique, propose des tours à vélo, guidés par des étudiants dont l'objectif est d'améliorer leur anglais.

C'est détendu, intéressant et de plus, vous participez à une chouette initiative. Alors prenez vos mollets à deux mains, contournez les Mastondontes'tours Opérator et visitez Hoi An et le village des pêcheurs... à vélo de ville (ou bien avec le vôtre). De plus, Mademoiselle Phong, la charmante responsable vous accueille avec un très grand sourire et répondra à vos questions aussi bien en anglais qu'en français.

Ci-dessus, en compagnie de la jolie responsable Demoiselle Phong d'Hoi An, que je remercie encore pour son accueil chaleureux.

Pour la contacter:
dangkphong@hoianfreetour.com
Info supp. Add: 2/6 Le Loi St. Hoi An - Tel: +84 979 58 77 44
http://www.yourlocalbooking.com/

Privilèges
Il n'existe pas de voyage parfait sans avoir la sensation d'avoir vécu quelquechose d'unique, d'exceptionnel: Mardi soir dernier, j'ai eu le petit privilège d'être convié à une cérémonie annuelle; celle de la première Lune après le Têt, vouée aux génies de la terre et du ciel. Elle concerne tout un quartier. La plupart des participants se déplacent et - de la même manière qu'une association en France, chacun y donne du sien : pour la préparation du repas (que seules les femmes sont autorisées de faire), pour l'acte cérémonial (où seuls les hommes sont représentés). Cette fête sacrée rassemble un large pannel de la société qui se côtoie aisément : du menuisier au traducteur ou fonctionnaire, de la semeuse de riz à la cuisinière. Chacun fait un don pour cette "association" qui permettra au quartier d'organiser des événements.
Cérémonie: Première!
Imaginez un temple éclairé par quelques néons criards et surtout des bougies qui apaisent et apportent ce côté mystérieux et intime d'une cérémonie. Revêtus de leurs habits traditionnels, les prêtres, anciens et rôdés ou bien jeunes et malhabiles Les offrandes quittent le temple pour être déposées plus bas, sur un autel couvert d'une nappe et de portes bougies. L'encens se consume tandis que prières et chants orchestrés se succèdent sans interruption. sollicitent les dieux pour que l'année nouvelle soit excellente pour le Travail. Interdites par le régime socialiste de l'Oncle Ho, les autorités ont peu à peu compris que ces rites faisaient partie de la vie vietnamienne. Et les Viet Namiens que j'ai croisés ce soir là et le lendemain en sont fiers.

Cérémonie: Deuxième!
Le lendemain midi, seconde partie et repas festif, à grand renfort de micro. De synthé aux sons Bontampi, ça trinque à chaque table toutes les deux minutes. On nous fait l'honneur, à Jean et moi, de nous assoir à la table des VIP (photo ci-dessous), les présentations avaient été faites la veille. Et il a été convenu d'un commun accord, et avec plaisir, de venir présenter mon spectacle. "Devant un temple? Faire le fanfaron et me désapper? Ce n'est pas un sacrilège?" "Non" me rassurera Jean. De toute manière, il est trop tard pour se poser des questions car je me suis engagé. Et ce sera également le moyen de tester à nouveau ce "Truc" visuel et musical... Je sais que tout va s'enchaîner: la semaine prochaine, choix des chansons et répétitions avec le guitariste Binh. Vendredi 10 et samedi 11, spectacles officiels. Avec le soutien de Lavifil. Mes pensées à toute l'équipe. (ci-dessous, à droite, photo de Binh, avec son amie, en répétition)

Prochain Carnet,
"D'un Passage à l'autre".
Les spectacles, rencontre avec Denis Guigon, auteur et responsable d'un Cabaret à Hoi An, puis le départ pour le Laos.
Je pense à vous, Pyerrot. (Ci-dessous la video. Extrait musical "Every Day" Hefner, Album "Asia Lounge")

2 commentaires:

julia et Henry a dit…

Bonjour Pierrot,
Toujours aussi exaltant de suivre tes aventures!!...Bon courage à toi et à "Tigre bleu" !!Julia et Henry

Nittachowa a dit…

Salut,
Voila un périple, qui tout doucement s'achève.
"Tigre bleu", quel compagnon de voyage, quelle présence, quelle énergie absorbée, ne lui manque que la parole, ce sera peut être pour l'année prochaine.
J-L