dimanche 11 mars 2012

Epilogue - Temple Secret et derniers "PasSage"

Dernière feuille virtuelle que je dédicace à la Maman de Marie Christine, qui a fait l'effort de lire mes carnets au détriment de "Plus belle la vie"! Je ne sais pas si vous vous rendez compte... L'aventure n'a pas d'âge.






L'ultime étape
16 mars. 18h en Malaisie, Kuala Lumpur, l'aéroport.
J'attends 23h pour le second décollage, le retour pour la Lorraine et les Mirabelles. Tigre Bleu est dans la soute. Arriverons-nous en même temps? Je repars avec des temples qui sommeillent dans la jungle et sous mes paupières, des Apsara(s) qui dansent dans mes rêves, des spectacles aux sourires d'enfants sans tristesse: des soleils permanents. Demain, je serai au froid...

Siem Reap, le 26 février. Retour en arrière.
Depuis mon arrivée à Siem Reap jusqu'à Phnom Penh, mon compteur affiche 680 km. Siem Reap? On y trouve de tout: il y a les restaurants, les bars, les hôtels. Il y a aussi des restaurants, des bars, des hôtels. Et si vous vous ennuyez encore, il y a d'autres restaurants, d'autes bars et d'autres hôtels ; ici, il faut savoir se contenter de sauter d'un restaurant, d'un bar ou d'un hôtel à l'autre sans chercher un brin d'authenticité cambodgienne, Ici, le Cambodge, on s'en fout. Tout est conçu pour le chaland qui aussitôt descendu de son Bus se rue sur la première vitrine... Bien que sur le Marché des Souvenirs, les boutiques soient sans devanture. Vous êtes-vous déjà promené dans Annecy le vieux en été ? Au Mont Saint Michel à marée basse? A Riquewihr en saison haute? Au delà de l'architecture, n'en déplaise aux habitants qui doivent fuir la période chaude, c'est un peu le sentiment d'un "Grand bazar sans relief", d'un "vide surpeuplé". Une surconcentration de rien. L'âme de la ville? Elle a dû fuir la lourdeur commerçante vers les temples encore épargnés.


Loin du tumulte

Bien entendu, Intra Muros, il existe des ilôts de douceur, de calme dans certains quartiers excentrés. Comme chez mon ami Pierre ou son ami Christophe (du "Malraux"). Par exemple, à l'opposé du marché, en remontant la rivère sur votre gauche, vous serez surpris de trouver des temples récents en restauration, près de L'Institut Français. Ce Centre Cultu... Pardon: cet Institut*(voir Carnet Précédent) possède d'ailleurs une cour conviviale et propose une restauration tenue par une école hôtelière, le tout à l'écart du bruit des moteurs de "Shortland".
En revanche, autour de cette ville, c'est un bonheur de verdure, de campagne, une succession de fermes et de ponts d'un ancien temps ,de fer rouillé et de planches instables qui engendrent la rivière. Je croise des charettes de foin tirées par des vaches, je photographie des buffles à la force paisible, les pattes enfoncées dans la rizière. Le long de la piste rouge, dans les villages, j'entends des cascades de rires, je reçois un accueil chaleureux. Quelle bouffée d'air pur : voilà le Cambodge résumé qui défile sous mes yeux émerveillés, entre les cornes de mon guidon. Il a suffi d'emprunter les chemins d'écoliers.


Les Exploraconteurs et le Temple secret
"Eugénie, Eugénie! Venez par ici.
- J'arrive, Paul Emile! Qu'avez-vous vu?
- Tout! Nous venons d'entrer dans le Temple.
- Ah? Tant mieux Paul Emile.
- Vous rendez-vous compte?
- Non".
Un temple, aucun touriste. Juste le chant d'un oiseau-trompette. "Ce temple est une merveille", ai-je pensé tout en sautillant comme un bouquetin, de pierre en pierre, à la découverte du moindre recoin inexploré... Il faut bien rêver.
Je filme mon avancée, je m'amuse à me croire celui qui découvre, j'imagine parfaitement Paul Emile et Eugénie, les deux agents Exploraconteurs au service de l'Exploracontie, sentir les ondes de ce lieu, à la recherche de Rêveporte.
"Nous l'avons cherché, nous l'avons trouvé, Eugénie. Cela confirme notre devise: Qui trouve prouve...
- Et qui prouve trouve!
- Hum. Ne sentez-vous Rien?
- Non.
- Le mystère habille cette ancienne cour.
- C'est bien, Paul Emile."

Caméra à la main, je m'aventure sous un porche soutenu par un échaffaudage; l'étroit passage débouche sur une arrière cour: des colonnes effondrées gisent lourdement dans un sommeil millénaire. Je contemple, je continue mon histoire:
"Une merveille, Mademoiselle Eugénie.
- Ah, oui. C'est beau.
- Regardez ces statuettes représentent un départ sur une pirogue: un passage vers l'au-delà, sans doute! Nous y sommes.
- Paul Emile?
- Oui?
- Parfois, quand vous solliloquez: vous m'faites peur.
- C'est du théâtre, Eugénie. De la comédie! "
Siem Reap, Phnom Penh. 320 km. 2 jours.

Phnom Penh, entre le 10 et le 15 mars.

Changement d'atmosphère. Lorsque j'ai quitté Siem Reap pour atteindre Phnom Penh, j'avais déjà en tête de revenir en Asie. 3000 km depuis Hanoi? De la poussière de mollets! A quand les 4000 au compteur? 170km suivi du "reste". J'approche de la capitale. 5 représentations m'attendent à l'association PSE, qui me permettront de tester des "petites nouveautés".


Soudain une mélodie froide retentit et m'agace. En anglais, la voix atonale d'une hôtesse résonne dans le hall de l'aéroport. "Please, Bla bla bla"... Une annonce parmi des quantités d'autres, pour le départ d'un prochain vol. J'entends:"Hong Kong", "Bangkok". Puis un défilé de capitales ronronnent dans les haut-parleurs tandis que les destinations s'affichent sur les écrans puis s'effacent. Mon oeil voyage en quelques secondes à l'autre bout du monde. Quel pays après ces quatre-là? ? En fait, je ne suis pas vraiment parti du Viet nam ni du Cambodge. On ne repart jamais d'un pays ou d'un endroit que l'on aime. J'y reviendrai pour approfondir les liens amicaux créés, pour prolonger l'aventure des spectacles. Pour tenter d'entraîner la Compagnie Lavifil jusqu'en ces terres de rizières. Quelle sera ma prochaine étape ? L'Asie, oui. La Birmanie, le Tibet, la Malaisie? Il faudra que je me concerte avec mon Tigre. L'hôtesse vocale ouvre son clapet: "Singapour",... Paris? Â quand mon tour?


Juste un dernier mot sur le spectacle "PasSage"

Ce spectacle visuel et musical s'oriente évidemment vers le Cabaret, le Music Hall. Des rires? Oui. Des rateaux, aussi. Mais globalement, je me suis REGALE. Autant sur le plan vocal (J'ai développé une panoplie de voix de personnages: Mon Truc) que sur le plan Improvisation dans le décalé et la dérision. C'est un premier bilan... Dans un an, je pense que ce spectacle sera... présentable.

Enfin, d'un Solo, je reviens avec une famille née de cette aventure et de la rencontre avec des publics:


"Ladies and Gentlemen, Meine Dame und Herren,

Senoras, senores, j'ai l'honneur de vous présenter:
Pic Pic (la puce de cirque),
Linda (la star lapin),

Tigre Bleu bien entendu,
Quant à moi, "Pielo" (les "R" sont inexistants en Asie)

votre humble serviteur,

Je vous salue les pieds nus, plantés

au milieu de ma Chambre à air de piste ! "


Photo à droite: Ce "p'tit gars" s'appelle "Pôn"; scolarisé depuis peu à PSE, il a assisté à toutes mes prestations. Il a flashé sur la guitare que je lui ai offerte à condition qu'il s'entraîne. Les quelques conseils techniques de jeu musical que je lui ai donnés en présence des organisateurs ne semblaient pas l'effrayer! Allez, Pôn, courage et joue.


Photo suivante: Sivon et March, qui se sont chargées de l'organisation (Merci à Propey et Peng)


Je vous remercie tous et toutes de m'avoir suivi via la radio, les video, lu, supporté et encouragé. Rien que pour cela, pour le plaisir de l'aventure artistique, je recommencerai. Et c'est bien fait pour vous!

Quant à ceux et celles qui en ont assez de me lire et rêvent de me voir "Pendu" en Asie, je leur dédicace cette nouvelle chanson:


La balade du Malpropre
Ou le clochard céleste

Quand le juge Pince-Nez
S’est tourné pour m’accuser,
Il m’a dit : « Ecoute-moi,
Le monde se plaint de toi.

A toi de te confesser
Ton âme sera lavée ;
Mais que faut-il que j’entende
Avant que je ne te pende ? »

Pour éviter le battoir,
J’ai tenté de l’émouvoir.
J’ai sorti d’une mallette
Une boîte à savonnettes.

Je chante à ceux qui m’écoutent
Qui de moi jamais ne doutent :
que c’est un malentendu
Si le malpropre est pendu.

Des savons de la passion,
J’en ai toute un’ collection.
J’ai un savon du Viet Nam
Donné par un peintre d’âme.

Mais le plus original
A des vertus médicales
Il m’a soigné des blessures,
Et du serpent la morsure.

Je l’appelle Serpentaire
Puisqu’il m’a été offert
Par un drôle d’oiseau qui
m'accorde un coin de son nid.

A toi qui a su me tendre
Une main blanche et comprendre
que c’est un malentendu
Si le malpropre est pendu.

Du savon j’en ai souffert
Mais celui que je préfère
A le parfum de l’amour,
Je le garderai toujours :

Il vient de Toi, jolie Phong
une jolie reine en tong
Comme un trésor je le garde
Ma saleté me regarde

N’en déplaise au tribunal :
J’ai la peau d’un marginal.
Mais c’est tout ce qu’il me reste,
Je suis un clochard céleste.

A toi qui as su me plaire
A vous qui me ferez taire,
Je dis : quel malentendu
Si le malpropre est pendu.

Mais celui, je vous assure
Qui m’a brûlé la figure
Ce savon-là m’a piqué
Ce salaud m’a fait pleurer.

Mon opprobre est bien plus clean
Et mon âme a meilleure mine
Qu’elle ne l’est chez certains
Qui sur vous s’lavent les mains.

Bien à toi, la peau de vache
Qui me l’avait offert, sache
Que je préfère ma crasse
A ta peau de dégueulasse

Je porterai la misère
Mieux que ta peau de loup claire
Et c’est un malentendu
Si le malpropre est pendu.

Si j’étais un peu tendu
Je fus lavé mais vendu
Au gibet d’une potence
Mon corps sale se balance

A vous qui m’avez glissé
Tous ces savons embaumés
Au fond du sac de voyage
Je vous les rends en hommage

Quant à ceux qui dans l’aigreur
avaient choisi de mon heure…
C’était un malentendu :
Le malpropre fut pendu.